Prospective, diversité et inclusion : se préparer à être prêts et prêtes

Publié le Lundi 8 juillet 2024

Quelles causes, quelles conséquences, quels enjeux, quelles décisions et quelles actions collectives il nous faudrait intégrer sur le temps long pour être prêts et prêtes face aux ruptures à venir ? 

Le 28 mai 2024, à l’occasion de son Assemblée Générale annuelle, l’AFMD organisait quatre ateliers prospectifs avec ses adhérents et ses parties prenantes externes pour appréhender le futur des politiques diversité et inclusion. 

Dans une logique d’initiation à la prospective, ces ateliers avaient pour objectif d’entamer une démarche de réflexion sur l’avenir à partir de « scénarios de rupture ». Un scénario de rupture est un événement très incertain qui aurait de très forts impacts s’il venait à se produire. Ces scenarios incitent à changer de posture et à imaginer les trajectoires pour arriver à la rupture et les transformations après la rupture.  

Au-delà des conclusions qu'ont amené ces ateliers, la prospective propose avant tout une méthode pour penser autrement le futur des politiques diversité et inclusion (D&I). Il invite à prendre en compte des facteurs auxquels on ne pense pas forcément, comme, par exemple, les transformations politiques, juridiques, économiques, environnementales, technologiques etc. pouvant impacter les politiques D&I.

Notre démarche

Avec l’aide de Futuribles International, expert en prospective et en exploration des futurs possibles, nous avons élaboré plusieurs scénarios de rupture que nous avons identifiés comme vraisemblables à l’horizon 2034 et pouvant avoir un fort impact pour les responsables diversité et inclusion (D&I). Parmi eux, des scénarios tels que :

  • En 2034, il n'y a plus de critères de discrimination dans la loi française.
  • En 2034, la CNIL et le RGPD permettent aux employeurs de collecter toutes les données dont elles ont besoin.
  • En 2034, il est clair pour l'opinion publique que les politiques diversité et inclusion n'ont aucun impact sur la performance économique de l'organisation.
  • En 2034, "Faire de la D&I" est une matière obligatoire enseignées dès l'école maternelle
  • En 2034, le système de retraites n'existe plus 
  • En 2034, les recherches montrent que les politiques D&I n'ont aucun impact sur la réduction des inégalités et des discriminations.
  • En 2034, parler de diversité et inclusion est tabou, les employeurs ne communiquent plus du fait de leur obligation de neutralité
  • En 2034, le ministère du Travail, du Plein Emploi et de l'Insertion met en place un "name and shame" hebdomadaire
  • En 2034, l'événement phare de l'année est le Grand prix de l'échec en D&I
  • En 2034, les entreprises sont poussées à prendre position politiquement

Ces scénarios ont été soumis au vote des membres du conseil d’administration de l’AFMD. Nous en avons finalement retenu quatre pour être traités dans le cadre des ateliers de l’AG. Ces quatre scenarios de rupture ont été peaufinés pour devenir ceux-ci :  

  • En 2034, la semaine de travail est de 24h.
  • En 2034, il existe une autorité indépendante d'évaluation de l'efficacité des politiques d'égalité des chances et de non-discrimination.
  • En 2034, les espaces de travail non-genrés sont la nouvelle norme sociale.
  • En 2034, le cadre juridique français ne comprend plus que deux critères de discrimination : l'état de santé et la situation de famille.

Le 28 mai, 150 personnes ont participé aux ateliers, et parmi elles se trouvaient aussi bien des responsables diversité et inclusion d’entreprises, d’organisations publiques ou d’écoles adhérentes ou non de l’AFMD, que des professionnel·les d’associations ou de prestataires œuvrant sur le champ des discriminations, et des représentant·es d’institutions publiques. 

Pendant une heure, guidé·es par leur animateur ou leur animatrice et par la méthode « How to / What if » développée par Futuribles international, les participant·es ont été mis en situation et ont cherché à répondre à la problématique suivante : 

Nous sommes en 2034 et le monde du travail est radicalement différent de celui que nous connaissons aujourd'hui. Comment en est-on arrivé là ? Quelles transformations sociales, réglementaires, politiques ont eu lieu ? Quels effets sur la société française, les relations entre personnes mais aussi sur les organisations, les entreprises… ?
 

Synthèse des ateliers

En 2034, la semaine de travail est de 24h.

Ce scénario vous paraît invraisemblable ? Pourtant, trois hypothèses menant à ce scenario ont été identifiées : 

 

  1. La hausse du chômage et ses répercussions économiques qui poussent à revoir le temps de travail pour baisser les coûts de l’État
  2. Le changement climatique oblige à une réorganisation des modes de vie et de production
  3. Les pressions sociales pour changer le rapport des Français à leur travail impactent les décisions politiques - quel que soit le parti

Télécharger la synthèse complète ici

En 2034, il existe une autorité indépendante d'évaluation de l'efficacité des politiques d'égalité des chances et de non-discrimination.

Ce scénario vous paraît invraisemblable ? Pourtant, quatre hypothèses menant à ce scenario ont été identifiées : 

 

  1. La force des pressions sociale et politique face à l’échec des politiques actuelles, qu’elles soient publiques ou organisationnelles
  2. Une coercition juridique et la rationalisation des process
  3. La demande de régulation de la part des employeurs 
  4. Le retour d’une pensée réactionnaire

Télécharger la synthèse complète ici

En 2034, les espaces de travail non-genrés sont la nouvelle norme sociale.

Ce scénario vous paraît invraisemblable ? Pourtant, quatre hypothèses menant à ce scenario ont été identifiées : 

  1. La nouvelle génération impose son besoin de liberté sans distinction de genre
  2. Une révolution culturelle transforme l’ensemble des domaines où le genre génère des inégalités
  3. La société civile utilise la coercition juridique pour abolir les distinctions de genre et ainsi abolir le sexisme
  4. Des points de rupture obligent la société à repartir de zéro

Télécharger la synthèse complète ici

En 2034, le cadre juridique français ne comprend plus que deux critères de discrimination : l'état de santé et la situation de famille.

Ce scénario vous paraît invraisemblable ? Pourtant, trois hypothèses menant à ce scenario ont été identifiées : 

 

  1. L’arrivée d’un parti extrémiste au pouvoir met au centre du jeu la famille et la santé
  2. Les évolutions environnementales et climatiques ont des impacts négatifs sur la population
  3. L’IA génère un environnement de travail aseptisé et supprime ainsi la majorité des formes de discrimination 

Télécharger la synthèse complète ici