Femmes non-cadres : La charge mentale au travail et son impact sur l’égalité professionnelle

La charge mentale, qu’est-ce que c’est ? 

Dans les années 1980, la sociologue Monique Haicault institue la notion de « charge mentale » pour qualifier les défis spécifiques auxquels les femmes sont confrontées en raison des inégalités de genre et des attentes socioculturelles qui pèsent sur elles.
Ce qui fait la charge mentale, c’est l’imbrication des temps sociaux et notamment la situation de tiraillement où la sphère privée empiète sur la sphère professionnelle, et réciproquement. Les femmes ont l’impression de ne pas être à la hauteur, ni dans leur rôle professionnel, ni dans leur vie privée.
 

Pourquoi ça nous intéresse ? 

Selon une étude réalisée en février 2021 par Ipsos pour le compte du cabinet de conseil BCG (Boston Consulting Group), il a été constaté que les femmes sont particulièrement affectées par l'absence de frontière claire entre leur vie professionnelle et leur vie privée. Les résultats indiquent qu'en comparaison avec les hommes interrogés, les femmes sont 30 % plus susceptibles de faire face fréquemment au stress et à l'anxiété, et elles sont 20 % de plus à estimer être proches de l'épuisement professionnel ou "sur le point de craquer".

La répartition inégale des responsabilités domestiques à des conséquences significatives sur la vie professionnelle des femmes : en raison de cette gestion déséquilibrée de la vie familiale au sein du couple, les femmes font face à une charge cognitive considérable : c’est la charge mentale. Cette charge liée à la sphère privée ne s'ajoute pas simplement à leurs activités professionnelles, mais elle empiète sur celles-ci. 

Cependant, l’expérience de la charge mentale et de ces impacts n’est pas la même pour toutes les femmes. L’origine sociale permet notamment de s’en défaire pour les femmes les plus aisées, qui pourront déléguer des responsabilités domestiques (ménage, garde des enfants, cuisine…) à des prestataires. 
Ainsi, cette dimension est susceptible de creuser les écarts d’opportunités entre les femmes occupant un poste à responsabilité et les employées et ouvrières. 

Et au travail, à quoi ça ressemble ? 

• Souvent, les femmes sont confrontées à la double tâche de concilier leurs responsabilités professionnelles avec les tâches domestiques et familiales. Elles peuvent se sentir obligées de prouver constamment leurs compétences et de jongler avec des attentes contradictoires pour être acceptées et réussir professionnellement.
• Elles peuvent se sentir responsables de la gestion des émotions et du bien-être de leur famille, de leurs collègues et de leurs proches. Elles sont souvent perçues comme les principales confidentes et conseillères, en privé comme dans le monde professionnel, ce qui peut entraîner une charge mentale supplémentaire.
• Elles sont plus fréquemment assignées à des fonctions de supports et à des tâches informelles. Lorsque les rôles et les attentes au travail ne sont pas clairement définis, cela peut engendrer une charge mentale. Les employées peuvent se sentir débordées ou stressées lorsqu'elles ne sont pas certaines de ce qui est attendu d’elles ou lorsqu'elles doivent jongler avec des responsabilités changeantes ou contradictoires.

Pistes de réflexion

Si la prise en compte de la notion de charge mentale et de ses impacts au travail est une condition de l’égalité professionnelle, cet enjeu est particulièrement important pour les femmes qui n’ont pas la possibilité de s’y soustraire. 
La sensibilisation au sujet et une évolution des pratiques de travail font partie de solutions à envisager : 

• Sensibilisation à la charge mentale : Organisez des sessions de formation et des ateliers pour sensibiliser les employé·es aux effets de la charge mentale, ainsi qu'à la manière de la reconnaître et de la gérer de manière équilibrée. 
• Souplesse dans le travail : Proposez des options de travail flexibles, comme le télétravail, des horaires flexibles ou la possibilité de concilier les responsabilités professionnelles et familiales. Cela permet aux femmes de mieux gérer leur charge mentale en ayant plus de contrôle sur leur emploi du temps. 
• Soutien à la parentalité : Établissez des politiques et des programmes de soutien à la parentalité, tels que des congés de maternité et de paternité généreux, des installations de garde d'enfants sur le lieu de travail ou des services d'assistance pour trouver des services de garde fiables.