Retour sur la 2ème édition des Assises nationales de la féminisation des métiers et filières numériques

Publié le Vendredi 16 février 2024

Le 8 février 2024 s'est déroulée la deuxième édition des Assises Nationales de la féminisation des métiers et filières du numérique. Sur une idée originale de l'association Femmes@numerique, cet événement est un moment de partage et d'échange visant à promouvoir la féminisation du domaine des STEM (acronyme de science, technology, engineering, and mathematics).

En effet, d’après un rapport publié en le 7 novembre 2023 par le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes, les femmes ne représentent que 29% des employé·es dans le secteur du numérique et ce chiffre descend à 16% dans les métiers techniques. Quasi absentes des bancs du numérique, les stéréotypes de genre et le sexisme ordinaire pèsent sur les femmes qui osent s’aventurer dans la sphère numérique!

  Prises de parole d'intervenants sur une table ronde  La coprésidente de l'AFMD prend la parole  Intervenantes autour d'une table ronde  Participants dans le hall discutent

"Imaginons-nous, inspirons-nous, réinventons-nous !"

Organisée autour de trois temps forts : s’imaginer, s’inspirer et se réinventer, la journée a permis d’entendre des intervenant·es inspirant·es venu·es de tous les horizons du numérique.

Lors de la matinée, Delphine Pouponneau, co-présidente de l’AFMD a présenté la troisième édition du baromètre portant sur les stéréotypes de genre et les valeurs professionnelles des étudiantes et étudiants des Grandes Ecoles, réalisé par l’AFMD et la CGE. L’occasion de rappeler que les stéréotypes de genre persistent malgré une forte aspiration à l’égalité et de s’interroger sur l’ambition des femmes.

En effet, si l’ambition est une notion évolutive, on constate l’émergence de nouvelles attentes professionnelles liées au collectif et à la place du travail. Cependant, parmi les étudiant·es qui se déclarent ambitieuses et ambitieux, 56,2% sont des femmes et 43,8% sont des hommes. Globalement, les femmes sont plus nombreuses à affirmer leur ambition !

En contradiction avec l’idée reçue selon laquelle l’ambition serait masculine, cette affirmation permet de se poser la question suivante : de quelle manière les employeurs peuvent-ils répondre aux aspirations des femmes alors même qu’elles sont exposées à des stéréotypes qui peuvent freiner, voire empêcher, leurs ambitions de se réaliser ?

Des stéréotypes persistants dans un monde numérique en évolution constante

Le collectif Co.théâtre a introduit la matinée avec une touche d’humour sur les stéréotypes de genre toujours persistants dans le parcours de vie d’une ingénieure. De l’appétence pour les mathématiques en CP aux difficultés rencontrées sur le lieu de travail une fois ingénieure, le chemin est semé d’embuches.

Lors de cette journée, beaucoup ont souligné l’importance d’une valorisation des métiers scientifiques ainsi que le rôle de la famille dans l’orientation professionnelle des filles. Non, le talent pour les mathématiques n’est pas génétique ! Alors comment avoir le déclic pour les filières et métiers du numérique ?

L’intérêt des rôles modèles n’a échappé à personne. En effet, pour Marie-Caroline Missir, directrice générale du réseau Canopé, il faut mettre en avant des rôles modèles et des destins de femmes dans le numérique. Cette idée des rôles modèles n’est pas sans nous rappeler « l’effet Scully », constaté à la fin des années 1990. De fait, inspiré·es par Dana Scully, personnage féminin principal de la série à succès The X-Files. Considérée comme l’un des premiers personnages féminins multidimensionnel dans un programme de STEM, l’héroïne a exercé une influence notable sur les carrières des femmes dans le domaine des STEM et d’après une étude réalisée par le Geena Davis Institute on Gender in Media, 63% des femmes qui travaillent dans les STEM aujourd’hui précisent que Dana Scully a été leur rôle modèle.

Si le monde numérique est en évolution constante, on constate une cependant une véritable pénurie de talents. Victime de sa croissance rapide, le secteur du numérique a besoin de recruter des talents et comme le rappelle bien Khalid Lahraoui, directeur exécutif Responsable des services financiers d'Accenture France et Benelux, « on ne peut pas se priver de la moitié de l’humanité ».

Agir, ensemble !

Pour Elisabeth Moreno, présidente de Femmes@numerique, « si l’on s’y met tous ensemble, peut-être que l’on peut faire véritablement la différence ».

On le constate, différentes initiatives sont mises en place mais il faut les massifier pour qu’elles soient efficaces sur l’ensemble du territoire national. Beaucoup se mobilisent déjà, comme on a pu le constater avec la majorité des intervenant.es. De son côté, Edwige Cyffers, doctorante en Machine Learning à l’INRIA, est volontaire dans les projets qui promeuvent les filles et les femmes dans le secteur des STEM. Au total, elle estime à environ 10 jours par an le temps qu’elle passe à sensibiliser ces dernières aux filières et métiers des STEM. Ce temps-là, souligne-t-elle, est un temps de travail bénévole et gratuit que ses homologues masculins prennent pour être en vacances ou étudier. Si beaucoup de femmes se mobilisent comme partie intégrante du changement, c’est aussi pour réinventer un monde numérique qui met en place des solutions qui leur conviennent et les respectent. Mais elles ne doivent pas être les seules actrices de ce changement !

Ainsi, et comme précisé tout au long de la journée, la féminisation des métiers et filières du numérique doit être l’affaire du collectif et ne doit pas seulement être portée par des personnes volontaires soucieuses du monde de demain. Et visiblement, vu le succès de cette deuxième édition, il y a de l’espoir !

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